Hotspot Imagine Agroécologie - lancé
Explorer le pouvoir transformateur des ateliers participatifs pour accompagner la transition agroécologique
Présentation du hotspot
Porté par Corinne Robert (INRAE), ce hotspot, ancré sur le territoire de la Métropole de Rouen, explore le pouvoir transformateur des ateliers participatifs pour accompagner la transition agroécologique.
Objectifs du projet
TERRAE Hotspot Imagine est un projet de recherche action transdisciplinaire qui vise à accompagner la transition agroécologique des territoires en créant des espaces d’échanges entre acteurs variés, dans une dynamique territoriale collaborative et multi-acteurs. Le projet repose sur plusieurs hypothèses : - Les représentations jouent un rôle central dans l’activation des transitions - Il est pertinent de travailler collectivement sur des trajectoires de changement - L’échelle territoriale est adaptée, en tant qu’échelle d’action et de dialogue collectif motivé par un attachement au territoire.
Pour encourager ces échanges, le projet s’appuie sur les ateliers participatifs, placés au cœur de la démarche. L’objectif principal est ainsi de développer une méthodologie innovante d’ateliers participatifs, pour stimuler des dynamiques collectives et promouvoir la transition agroécologique.
Conçus avec les acteurs du monde agricole et les collectivités territoriales, ces ateliers ont pour but de favoriser le dialogue entre acteurs, mais aussi l’apprentissage collectif. Nous explorerons diverses thématiques liées à l’agriculture, au vivant et à l’alimentation, et analyserons comment ces échanges peuvent provoquer des « déplacements d’imaginaire » — c’est-à-dire des évolutions des perceptions, des valeurs et des pratiques. L’objectif est de favoriser des ouvertures d’imaginaires, susceptibles de rendre possible l’émergence de trajectoires agroécologiques soutenables, désirables et collectivement construites.
Un enjeu central sera l’analyse des dynamiques à l’œuvre dans les ateliers. Il s’agira de saisir les effets sur les représentations, les savoirs voire les pratiques, selon les thèmes, les formats et les participants aux ateliers. Le projet portera une attention particulière aux mécanismes cognitifs qui facilitent ou freinent les transformations, en veillant à inclure des publics diversifiés, y compris ceux rarement présents dans ce type de démarche.
Au-delà des ateliers eux-mêmes, la production collective de livrables constituera un levier important pour prolonger les échanges. Les résultats seront intégrés dans une réflexion plus large, prospective et partenariale, avec les collectivités, afin de soutenir des scénarios territorialisés de transition agroécologique.
Méthodes
Les ateliers participatifs : un levier pour relier représentations, réseaux et transition agroécologique
Les ateliers participatifs constituent un outil central du projet TERRAE Hotspot Imagine.
Il apparait dans la littérature que ces dispositifs peuvent favoriser l’apprentissage collectif, la co-production de connaissances et l’émergence d’innovations sur des problématiques agricoles et territoriales ciblées (Ørngreen, 2017). Dans une perspective de recherche-action, ces ateliers peuvent permettre d’accéder à des dimensions sociales, territoriales et symboliques souvent inaccessibles par d'autres méthodes. En réunissant agriculteur·ices, chercheur·euses, conseiller·es et représentant·es des collectivités, ils facilitent la circulation des savoirs et la construction partagée de visions alternatives, en rupture avec les approches descendantes de l’innovation agricole (Jackson-Smith et al., 2021 ; Lacombe et al., 2018).
Ces démarches s’inscrivent dans une dynamique proche des approches dites ORB (« Outreach and Relationship Building »), qui misent sur la transformation des représentations et des comportements à travers le développement de relations de confiance entre les parties prenantes (Grili, 2019). Nous faisons le pari que ce type de méthode pourrait être particulièrement adapté aux enjeux complexes de la transition agroécologique — réduction des intrants, diversification des systèmes agricoles, renouvellement du lien au vivant, etc. La littérature montre en effet que ces dispositifs permettent de faire émerger des alternatives, en rendant visibles d’autres manières d’agir, de penser et d’habiter les territoires agricoles (Abric, 1994 ; Gosnell et al., 2019).
Un ancrage méthodologique dans des expériences précédentes
Le projet TERRAE Hotspot Imagine s’appuie sur des retours d’expérience d’ateliers réalisés récemment, notamment ceux du projet TRAVERSÉES (Robert et al., 2024). Trois ateliers multi-acteurs y ont été menés en mobilisant un modèle territorial dans lequel les trajectoires de pratiques simulées répondent à des leviers territoriaux multiples (Bourceret et al. 2024). Les participant·es ont notamment travaillé sur des trajectoires agricoles contrastées et des leviers territoriaux associés. Les résultats, combinés aux démarches déjà engagées par la Métropole de Rouen, vont nourrir la conception des ateliers dans TERRAE Hotspot Imagine.
Une attention portée à l’inclusion et à la diversité
Enfin, une attention particulière est portée à la diversité des publics mobilisés. L’enjeu est de créer des espaces de dialogue inclusifs élargis.
L’équipe et les partenaires du projet
Le projet TERRAE Hotspot Imagine repose sur la collaboration étroite de quatre communautés d’acteurs, réunies autour d’un objectif commun : construire et animer des ateliers participatifs pour accompagner la transition agroécologique des territoires. Ces acteurs participent dès à présent à la définition des thématiques et à l’ancrage territorial des ateliers.
Les communautés d’acteurs impliquées
- Acteurs territoriaux : La Métropole de Rouen-Normandie (notamment Mathias Ader et Agathe Colleony), la Chambre d’Agriculture de Normandie et le Syndicat des Bassins Versants Cailly-Aubette-Robec. Ces partenaires jouent un rôle central dans l’ancrage local du projet et soutiennent la mise en œuvre des ateliers ainsi que les enquêtes de terrain.
- Acteurs agricoles : Une large mobilisation d’agriculteur·ices et de conseillers est en cours, via différents réseaux - syndicats, GIEE, lycées agricoles, chambre d’agriculture, etc.
- Acteurs académiques : Le projet s’appuie sur un consortium pluridisciplinaire associant des chercheur·euses issu·es de différentes institutions : PSL, INRAE, ENS, CNRS, UniLaSalle. Les disciplines mobilisées incluent notamment l’agronomie, l’écologie, l’économie, la psychologie sociale et environnementale, et les sciences cognitives.
- Ingénieurs de la concertation : ils accompagnent l’animation des processus participatifs, en facilitant le dialogue entre les parties prenantes et la construction des ateliers.
Une gouvernance partagée :
Le projet est porté de manière conjointe par des acteurs académiques et non académiques :
- Porteurs académiques : Corinne Robert (INRAE ECOSYS, PSL-ENS) assure le pilotage scientifique du projet.
- Porteur non académique : Mathias Ader, directeur de la transition environnementale à la Métropole de Rouen-Normandie, représente l’ancrage territorial du projet.
- Équipe (à son début) : Margaux Ader (stage M2 en sciences cognitives), Marthe Boissier (stage M1 en géographie) et Elliot Meunier, doctorant dont la thèse est intégrée au projet.
Ouverture et partenariats en développement :
Le projet IMAGINE a été présenté à plusieurs reprises à la communauté PSL TERRAE, avec l’objectif d’associer des partenaires académiques autour de thématiques originales d’ateliers. Ces collaborations sont en cours de formalisation et devraient se concrétiser à l’automne 2025.
L’ambition est de faire émerger, au fil du projet, un consortium élargi et pérenne capable de soutenir la diversité des ateliers, de mutualiser les savoirs et de renforcer l’impact territorial des actions menées.
Calendrier, étapes clés et travaux en cours
Le projet TERRAE Hotspot Imagine a démarré en mars 2025, pour une durée de 4 ans. Il se déploie en quatre grandes phases :
- Étape 1 – Année 1 : Construction des ateliers avec les acteurs territoriaux, afin de définir des formats et des thématiques innovantes et adaptés à nos objectifs ;
- Étape 2 – Années 2 et 3 : Animation des ateliers participatifs, et analyse de leurs dynamiques et de leurs effets ;
- Étape 3 – Années 3 et 4 : Élaboration d’un livrable collectif issu des échanges, visant à prolonger la réflexion à l’échelle du territoire ;
- Étape 4 – Année 4 : Intégration des résultats dans les stratégies territoriales et mobilisation des décideurs pour favoriser l’appropriation et la mise en œuvre des pistes identifiées.
Où en est-on ?
Nous sommes actuellement engagés dans la première étape, centrée sur la co-construction des ateliers avec les acteurs agricoles et territoriaux, en veillant à leur ancrage local.
Cette phase a pour objectif de dialoguer avec une diversité d’acteurs agricoles afin de mieux cerner les enjeux, les attentes et les thématiques prioritaires pour les ateliers. Plusieurs actions structurantes ont été lancées entre mars et juin 2025 :
- 21 mars 2025 : Organisation de la réunion de lancement à Rouen, rassemblant une diversité d’acteurs non académiques. Cette journée s’est déroulée en deux temps : une présentation du projet, suivie d’un atelier collaboratif autour des objectifs et formats des futurs ateliers participatifs.
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Mars 2025 – en cours : Dans le cadre des stages de Margaux Ader (M2, sciences cognitives) et Marthe Boissier (M1, géographie), une série d’entretiens avec des agriculteur·ices est menée. Ces entretiens visent à identifier avec eux les territoires pertinents, les thématiques prioritaires et les partenaires à impliquer. Les enquêtes sont conduites en binômes, croisant les approches de leurs disciplines respectives.
- Avril 2025 – en cours : Démarrage de la thèse d’Elliot Meunier, intitulée « Liens au vivant et pratiques agroécologiques chez les agriculteurs : comprendre et agir ». Son travail débute par une revue de littérature sur les ateliers participatifs, qui nourrira la conception méthodologique des ateliers à venir, notamment ceux portant sur le rapport au vivant.
- 12–13 juin 2025 : Organisation de visites de terrain à Rouen, combinant un point d’étape avec les partenaires non académiques, la visite de plusieurs fermes et la rencontre d’associations pour élargir le réseau des partenaires, pour nourrir les réflexions et renforcer les liens avec le territoire.